Manon

Il est quatre heures du matin.

L’air est saturé d’une odeur de bière et d’urine.

Manon est debout dans le local exigu.

Ce dernier shooter de tequila reste coincé dans sa gorge.

Le vacarme de la boîte de nuit lui vrille le crâne.

Elle tombe à terre et vomit dans la cuvette.

Ses genoux nus collent au sol noir de crasse.

Elena a quitté le bar avec un inconnu.

Il est cinq heures trente.

La vie parisienne s’éveille et Manon s’endort dans les toilettes.

Manon ne veut pas guérir. Accepter, c’est retourner au morne de ses journées. Elle aime en secret la consistance de la douleur. Elle l’a contacté. Officiellement pour prendre de ses nouvelles ; officieusement parce qu’elle est terrorisée du constat de son insatiabilité face aux jours qui passent. L’esprit en feu, elle allume une cigarette à la fenêtre de son salon. L’air glacial l’apaise. Ses pensées se dissipent pour un temps dans la fumée. À trois heures cinq du matin, son téléphone vibre. Elle ne l’entend pas.

@pixabay

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